Bernard TOSELLI
KODAMA : L’esprit de la forêt
« Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j’aurais jamais dû le quitter des yeux … » chantait Brassens. Ces paroles ont eu un écho logique avec la démarche du travail présenté. Comme la photographie, dont le sens étymologique est « écrire avec la lumière », l’arbre porte en lui une écriture : ses cernes de croissance nous racontent l’histoire des événements climatiques qu’il a connus. Par sa capacité à créer un lien entre le ciel et la terre, l’arbre ne nous invite-t-il pas à nous élever, sans oublier nos racines ? Quiconque a pratiqué une balade en forêt de manière solitaire peut en témoigner : cette petite errance procure un indéniable sentiment de bien-être.
La forêt est majestueuse. En son sein, loin du tumulte des villes, nos sens reprennent vie. Ses parfums… Ses sons… Ses arômes… Tous nous font irrémédiablement plonger en notre for intérieur. C’est donc une invitation à la plénitude. Mais pas seulement… Il y aussi la rencontre avec Jean-Pierre ce bûcheron et ami qui dialogue avec la forêt et le vivant. Un philosophe taiseux dont la culture littéraire est vertigineuse. Quand on réfléchit à la fabrication du papier, nous sommes dans une suite logique. Ses coupes d’arbres restent homéopathiques et réfléchies pour respecter au mieux l’environnement. C’est une des choses que j’ai retenue lors de nos échanges au cours des 2 ans où je l’ai accompagné sur ses chantiers. Ce projet s’est un peu construit comme la BD « Les ignorants » de Davodeau, où chacun partage avec l’autre ses compétences, son rapport au vivant et à la solitude. C’est donc l’histoire d’une rencontre que ces images viennent rendre compte.
Devant ces photographies, c’est notre sensibilité et notre imaginaire qui sont mis à contribution pour engager un dialogue.
2024
France
Montage image
Kamir MERIDJA
Création sonore
Nicolas CORRADI